De passage chez le coiffeur...
Cette semaine, j’ai accompagné l’un après l’autre, mes deux fils pour un rendez-vous chez le coiffeur.
D’habitude, je ne fais jamais les rendez-vous avec le coiffeur.
C’est toujours leur père ou leur grand-mère qui s’en charge.
Allez-savoir pourquoi, je ne m’en occupais pas.
Je faisais tout, inconsciemment pour ne pas me retrouver dans le salon d’un coiffeur.
Mais pourquoi donc?
Quel est cette force interne qui me pousse à m’éloigner de tout ce qui touche au fait que d’autres personnes s’occupent de mes cheveux.
Mais rappelons-le, ce n’était évidemment pas de mes cheveux dont il s’agissait, puisque la coupe de cheveux concernait mes fils.
Mais intérieurement, je me sentais personnellement concernée, et pour cause!
Petite fille, je n’allais jamais chez le coiffeur.
C’est ma mère qui s’occupait toujours de ma chevelure.
Je pense ne pas être la seule, petite, à qui on plantait le peigne de la racine, jusqu’à la pointe, peu importe s’il y avait des nœuds.
Je me rappelle de mes grimaces et de la douleur des cheveux qui tirent, mais surtout, je me rappelle que personne à part ma mère, ne touchait à mes cheveux.
Puis, elle est décédée.
A l’été 2001.
J’avais 25 ans.
A l’époque, je me faisais défriser les cheveux.
Impossible donc de le faire seule.
J’ai donc décidé d’aller chez le coiffeur.
Ce qui aurait dû être un moment agréable, m’était alors presque insupportable.
Ce jour là, c’était concret.
Si j’étais là.
Dans ce salon là, c’est parce que ma maman, elle, n’était plus là…
Et me voilà, vingt ans après, qui amène mes petits garçons.
Quelle angoisse m’a assailli? Une angoisse de mère? Une angoisse de perte?
Une peur de changer de cap?
A chaque fois, que j’ai effectué un changement radical dans ma coupe de cheveux, c’était à une période clé, souvent difficile de ma vie que je voulais voir évoluer.
D’ailleurs, je suis passée du cheveu mi-long au cheveu très court.
Puis, j’ai décidé d'arrêter de me défriser les cheveux et de garder mes cheveux naturels.
Et maintenant, je me trouve dans une situation où j'ai un mal fou à faire confiance, à confier mes cheveux.
J’ai peur de ce qui pourrait être.
Je me rassure en me disant que cela ne s’était pas toujours bien passé par le passé, ce qui me conforte dans le fait d’éviter d’aller me faire coiffer.
Je suis restée des années dans ma zone de confort.
Alors, je crois qu’il est temps.
Temps pour moi de me libérer des chaînes du passé.
Il est temps pour moi d’oser être qui je suis.